Les gazinières en cause dans 40 000 décès prématurés annuels en Europe

Les cuisinières à gaz seraient responsables de la mort prématurée de 40 000 personnes chaque année en Europe (Union européenne et Royaume-Uni réunis), alerte une étude pilotée par l’université Jaume I et l’université de Valence en Espagne. “Ce nombre de décès est deux fois plus élevé que celui lié aux accidents de voiture”, relève le quotidien britannique The Guardian.

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La combustion du gaz de ville lors de la cuisson entraîne la formation de gaz nocifs comme l’oxyde nitrique et le dioxyde d’azote (NOx), qui peuvent irriter les poumons. Elle émet également du monoxyde de carbone et du formaldéhyde, des substances néfastes pour la santé qui affectent les systèmes respiratoire et cardiovasculaire. Cependant, pour cette étude, seuls les effets du dioxyde d’azote (NO₂) sur la santé ont été pris en compte, ce qui fait dire aux auteurs que leurs estimations sont probablement inférieures à la réalité.

Au sein de l’UE, un foyer sur trois utilise le gaz pour cuisiner. En Italie, Roumanie, Hongrie et aux Pays-Bas, ce sont même 60 % des logements qui sont équipés de cuisinières à gaz, tandis qu’au Royaume-Uni, 54 % des foyers cuisinent encore au gaz.

“Du point de vue de la santé publique, les gazinières sont toxiques”, insiste Juana Maria Delgado-Saborit, autrice principale de l’étude, interrogée par Bloomberg Green. Le problème des décès prématurés est “bien pire que ce que nous pensions”.

Cuisiner en toute sécurité : pensez à ouvrir les fenêtres

Ces travaux, qui n’ont pas encore été évalués par des pairs, ont été financés par la Fondation européenne pour le climat, une organisation à but non lucratif. Ils s’inscrivent dans un projet plus vaste sur la “cuisine propre” organisé par l’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA). Cette étude s’ajoute aux preuves croissantes selon lesquelles la cuisson au gaz dans les logements charge l’air intérieur de polluants nocifs, posant un danger pour la santé. En mai, une étude menée aux États-Unis avait, par exemple, révélé que les gazinières pourraient être responsables de 50 000 cas d’asthme chez les enfants.

“L’abandon progressif du gaz de cuisson est essentiel pour faire avancer les priorités de l’UE en matière de promotion de la santé, d’amélioration de la qualité de l’air et d’élimination progressive des combustibles fossiles”, écrit l’EPHA dans le communiqué annonçant les résultats de cette étude.

Citée par le Guardian, Sara Bertucci de l’EPHA estime que les dangers des cuisinières à gaz ont été sous-estimés trop longtemps. “Comme pour les cigarettes, les gens ne se souciaient pas vraiment de leurs effets sur la santé – et, comme les cigarettes, les gazinières polluent notre maison à petit feu”, souligne-t-elle.

En attendant de passer aux plaques de cuisson électriques, les ménages équipés de gazinières devraient penser à ouvrir les fenêtres et à mettre en route la ventilation de la hotte lorsqu’ils cuisinent, conseille Seth Shonkoff, chercheur associé à l’université de Californie et directeur exécutif de PSE Healthy Energy, un institut de recherche indépendant.


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