La France franchit une étape importante dans la régulation de l’accès aux sites pornographiques. La cour d’appel de Paris ordonne le blocage de plusieurs plateformes comme XHamster, Tukif, Mrsexe et Iciporno. Les sites ont quinze jours pour installer un système de vérification d’âge plus rigoureux avant d’être de nouveau accessibles.
Cette décision fait suite à une action en justice lancée par les associations La Voix de l’enfant et e-Enfance, qui veulent protéger les mineurs de l’exposition à la pornographie. La cour a clairement fait passer « l’intérêt supérieur de l’enfant » avant d’autres considérations, comme la liberté d’expression.
Mettre en place des contrôles plus rigoureux de l’âge
L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a déjà mis en place des directives pour que la vérification d’âge respecte la vie privée des utilisateurs. Cette décision s’inscrit dans la loi de 2020 sur les violences conjugales, qui oblige les sites pour adultes à contrôler l’âge des visiteurs de manière plus efficace.
Toutefois, des géants comme Pornhub, Youporn, Redtube, Xvideos et Xnxx ne sont pas encore concernés. Basés à Chypre et en République Tchèque, ces sites estiment que cette décision va à l’encontre des règles de libre circulation des services au sein de l’Union européenne. La Cour de justice du Vieux continent doit encore se prononcer.
Les associations à l’origine de cette action se disent satisfaites du blocage de certains sites, mais regrettent que d’autres y échappent, soulignant que les mineurs risquent encore d’y être exposés. L’avocat des associations, Frédéric Benoist, a exprimé sa frustration face aux manœuvres de l’industrie du porno pour ralentir les procédures.
2,3 millions de mineurs visitent des sites pour adultes, tous les mois
La sénatrice Marie Mercier, à l’origine d’un amendement sur le sujet, parle de « grande victoire pour nos enfants », en rappelant l’importance de limiter l’accès des mineurs à ces contenus.
D’après l’Arcom, environ 2,3 millions de mineurs visitent des sites pour adultes chaque mois en France. Plus de la moitié des garçons de 12 ans ayant accès à internet seraient déjà confrontés à ces contenus.
La cour a aussi insisté sur les risques liés à l’exposition des mineurs à la pornographie, évoquant des problèmes de développement personnel, des risques d’addiction et une vision faussée de la sexualité.